mercredi 24 août 2011

Un Demy conte de fées

Si vous me connaissez, vous savez que je chante à longueur de journée. Et je chante très souvent Peau d'âne, Les Demoiselles de Rochefort et les Parapluies de Cherbourg. Je connais tout par coeur, même les paroles des dialogues. Je me retrouve à chanter lorsque je range, je fais la vaisselle ou la cuisine. Ne parlons même pas de la douche ! Alors imaginez, mon pauvre Prince, je dois complètement le désespérer car ça n'est pas totalement sa tasse de thé. Enfin, ça c'était avant, parce que maintenant, je le retrouve à chanter un peu ça alors qu'il n'a dû voir les films qu'une demi fois. 

J'étais dans les environs de Rochefort hier, et on m'a emmenée voir de près le pont transbordeur. Vous savez, ce pont avec une nacelle sur lequel dansent les forains au début des Demoiselles de Rochefort ? C'est ce qui m'a inspirée pour ce petit billet.


Depuis toute petite, j'adore certains films de Jacques Demy. Il a un univers que j'ai toujours trouvé incroyable d'harmonie, de chaleur, de cohérence. Le rappel systématique de chacune des couleurs entre les costumes et les décors est très ingénieux. Son compositeur Michel Legrand est un génie : ses chansons sont devenues mythiques. Et il faut dire que les castings sont la plupart du temps très bien choisis.

L'intégrale Jacques Demy est sortie il y a 3 ans : je me suis empressée de me la procurer et c'est une merveille. J'ai pu découvrir ses films un peu moins connus de notre génération, et j'ai été très surprise de voir le lien qu'il a fait exister entre certaines histoires : la vieille danseuse assassinée par Dutroux dans les Demoiselles de Rochefort est Lola (personnage du film éponyme de 1960 avec Anouk Aimée), et cette Lola est aussi l'amour perdu de Roland Cassart dans les Parapluies de Cherbourg. J'aime l'idée que c'est un monde parallèle où les personnages ont une histoire, un passé et une existence propre.

Et puis il faut le dire, le premier Prince de ma vie, c'était Jacques Perrin dans Peau d'Âne, j'en étais dingue amoureuse toute petite ! Je rêvais de vivre un amour tel que celui de ce Prince et de cette Princesse. Et dans Les Demoiselles, il est le parangon du romantisme . Enfin, j'étais dingue de Jean Marais aussi, mais plutôt dans le Bossu. Quel désespoir j'ai ressenti un jour, vers 8-9 ans, quand j'ai découvert qu'il était très vieux ! N'avez-vous jamais cru, petite, être une Princesse ?


Voir ce pont transbordeur m'a donné envie de revoir le film pour la énième fois, bien que la visite que j'ai faite de Rochefort l'an dernier m'ait donné un goût d'amertume : je savais que les façades des maisons avaient été repeintes pour le film, mais j'étais loin de m'imaginer que cette petite ville portuaire serait si triste et commune : la Grande Place où se passe la fête foraine est en réalité si petite que c'en est désespérant. Où est le café "aquarium" de la mère des jumelles ? Et où est la fontaine centrale ? Cela montre la grandeur de l'artiste qui a complètement créé son décors dans une ville existante plutôt que de tourner en studio. 

Je sais bien que ces comédies musicales sont un peu cucu la praline, mais j'assume adorer ! J'avais fait à 10 ans un atelier Jacques Demy à Beaubourg, on avait créé des costume, appris plein de choses sur le tournage des Demoiselles de Rochefort, monté un petit spectacle, et encore beaucoup de choses que j'avais vraiment aimées. Et puis, maintenant, Delphine et Solange me font un peu penser à ma soeur et moi, surtout que cet été on s'est retrouvées en vacances ensemble avec la même robe, l'une rose l'autre jaune.

Je vous conseille de voir ces films, parce qu'ils sont frais et permettent de mettre un peu de couleur dans le quotidien ! Et puis, les films moins connus de Jacques Demy sont d'un genre un peu différent mais souvent très bien ! Je vous laisse un petit extrait que j'aime bien.



Et vous, vous en pensez quoi?
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mercredi 17 août 2011

Submarine

Richard Ayoade. Retenez ce nom, parce que ce gars a beaucoup de talent. Je viens d'aller voir son premier film, SUBMARINE, tiré du bouquin de Joe Dunthorne. Cela se passe au Pays de Galles, on ne sait trop exactement à quelle époque. Oliver Tate est un gamin de 15 ans un peu perturbé, terriblement intelligent avec une grande confiance en lui. Il lit Young et le dico, aime les mots compliqués, et se prend un peu pour un penseur de ce siècle. Il parvient à analyser finement les situations et connait les moyens de parvenir à ses fins (il essaye en tout cas). Le réalisateur nous pose un décors peu reluisant : des parents qui ne se parlent presque pas, ne se touchent plus, ne se voient plus : un père dépressif dans sa robe de chambre et une mère qui a raté sa carrière d'actrice, et qui retrouve son premier amour de jeunesse, devenu un gourou séduisant. L'accent british accompagne parfaitement l'humour version UK qui nous fait un peu oublier le tragique des situations : j'ai hurlé de rire du début à la fin. Heureusement que j'ai vu ce film à la Rochelle : en plus de nous il y avait deux autres personnes, qui se sont endormies au fond de la salle.
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Je ne connaissais aucun acteur, mais ils étaient tous extra. Craig Roberts, qui incarne Oliver Tate, joue parfaitement l'ado instable aux yeux écarquillés, tournés vers un autre monde. Il ressemble un peu à un Beatles d'ailleurs. Sa petite amie, Jordana, jouée par Yasmin Paige, est parfaite dans les rôle de la fille froide et exigeante, qui a sa façon particulière d'aimer. Les parents d'Oliver étaient absolument parfaitement ficelés, et le plus hilarant était le gourou ninja.
Tout était drôle : le jeu d'acteurs, les répliques, les situations. Mais c'est un film qui fait aussi réfléchir sur beaucoup de choses comme les relations, la famille, la personnalité, l'image qu'on donne et que les autres perçoivent, le respect conjugal... et qui change des films à grand spectacle comme on a un peu l'habitude...
Cela rappelle un peu Eternel Sunshine of the spotness mind. Les chansons et la musique étaient bien amenées, la photographie était très belle. 
En conclusion, un film décalé touchant, poétique et drôle à voir. Si vous l'avez vu, qu'en avez-vous pensé ?
Et parce que des images valent parfois mille mots, voilà la bande annonce !



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mardi 16 août 2011

London, baby !

Dans ma famille proche, on a très peu, voire pas de tradition. On se crée les nôtres propres, par exemple à Noël on ne mange pas de la dinde ou du chapon aux marrons, suivi par une bûche que l'on digère en allant à la messe de minuit ou en buvant des liqueurs. Ce qu'on aime pour le réveillon, ce sont des spaghettis à la sauce tomate maison qui mijote toute la journée, et des escalopes pannées. Ça peut paraître un peu simple, mais pour nous c'est la fête, parce que c'est vraiment ce qu'on préfère. Les réveillons où on mange des coquilles St Jacques, on est un peu moins heureux.
J'aime créer des traditions car je me sens parfois déracinée à cause du manque de liens avec notre famille plus élargie, et j'ai besoin de repères. J'ai initié une tradition amusante : aller à Londres tous les ans pour voir un ballet.
Tout à commencé il y a deux ans, quand j'ai décidé de rendre visite à Chat qui s'y était installée pour quelques mois (quelle globe-trotteuse celle-là !). Par hasard, ma soeur la fée y allait aussi pour voir une amie, et nous avons décidé toutes les trois d'aller voir le ballet de La Belle aux Bois Dormant (conte préféré de la fée) qui passait justement au Royal Opera House de Covent Garden (j'en parlais un peu ici). J'ai donc passé 3 jours à (re)découvrir Londres, cette ville absolument incroyable. L'année suivante, ma maman m'a offert un voyage à Londres pour deux, j'y suis donc retournée par hasard à la Toussaint pour faire visiter cette ville fantastique au Prince, et pour l'initier au ballet : nous sommes allés voir Sylvia (il a eu du courage de rester jusqu'à la fin parce que, si moi j'avais les yeux pleins d'étoiles, lui s'ennuyait ferme). A la sortie de l'Opéra, tard le soir dans le froid glacial de Londres, nous sommes allés dîner chez Sophie's (découvert après la Belle aux Bois dormant l'année précédente), juste derrière Covent Garden, où il y a toujours de la bonne soupe chaude et un cheese cake extra. Nous y étions pour le Poppy Day en plus, donc nous avons pu voir tous les défilés et les célébrations pour le souvenir de l'armistice de 1918.

Nous avions aussi vu (de bien loin) l'avant première d'Harry Potter. Bien sûr, il fait un froid polaire à cette époque de l'année, mais ça n'en est que mieux car on peut entrer n'importe quand et n'importe où boire un chocolat brûlant ou un thé bien réconfortant. J'aime manger des scones avec de la clotted cream et de la confiture. J'aime aussi les librairies qui regorgent de bouquins, le soir qui tombe vite et qui illumine les enseignes de comédies musicales à tous les coins de rue. J'aime l'allure des gens, l'ambiance libre et joyeuse qui court dans les rues. Et j'aime ce froid saisissant, moi qui déteste avoir froid pourtant.

J'ai découvert l'opéra avec Chat, lorsque j'habitais Toulon en khâgne. La programmation était toujours très bonne, et les troupes aussi. C'est là que j'ai découvert les opérettes, les ballets, les récitals. Ce que j'aime particulièrement, ce sont les ballets classiques, avec des décors à profusion, des corps de ballets énormes, des figures classiques qui ne sont pas mélangées avec du moderne. Cet amour du ballet ne date certainement pas de Black Swan (j'avoue même avoir détesté ce film, mais ce n'est pas le sujet ici).
Le Royal Opera House propose des mises en scène très classiques, et la scène est si grande que les corps de ballet sont très importants et les décors absolument majestueux. Un pur bonheur.

Je vais voir le Lac des Cygnes à Paris en Novembre (un rêve depuis que je suis toute petite), et ils passent Casse-Noisettes en décembre et janvier à Londres, ce qui me fait déjà rêver. Donc je commence tranquillement à préparer, organiser ce petit trip to London, peut-être même y en aura-t-il deux : un avec mon amie Lili, un avec ma fée.
Et vous, qu'est-ce que vous en pensez de tout ça ? Vous iriez à Londres pour voir un ballet ?

Source images : Weheartit
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jeudi 11 août 2011

De l'étrangeté des gens

J'ai emménagé dans un quartier de personnes âgées et de familles riches, avouons-le (rappelez-vous, ici !). Ce qui n'est pas forcément pour me déplaire, car j'aime le calme. Mais j'ai l'impression que ça ne sera pas de tout repos. Vous l'aviez compris, ma logeuse (ou propriétaire, c'est pareil) radote un peu, mais surtout, elle adore s'occuper des affaire des autres. Elle aime être une véritable commère, et elle se dit elle-même "concierge non-payée de l'immeuble" (elle habite au Rez-de-chaussée). Tant qu'on ne m'embête pas, tout va bien. J'espère simplement qu'elle ne viendra pas chez moi pendant mon absence, parce qu'elle nous a dit avec un peu trop d'insistance : "J'ai un double de vos clés, si jamais il y a le feu (ce à quoi ma mère a réfuté que les pompiers passent par la fenêtre, et que même en cas de feu, elle n'avait pas à rentrer chez moi), sinon je ne rentre pas chez les gens moi, non non, je respecte la vie privée". Soit, je ne mettrai pas sa parole en doute. Mais quand je suis revenue visiter l'appartement avant de le prendre, elle est entrée sans prévenir la locataire -absente - et sans demander son reste, en disant "Rhoo regardez un peu ceci et cela etc.". Comprenez donc que je m'inquiète quant à ma tranquillité et mon intimité. Mais c'est une bien gentille dame, et son âge l'excuse (un peu).
La chose la plus étrange que j'ai relevée pour le moment dans l'immeuble (je n'ai même pas encore dormi là-bas !) est l'attitude de ma voisine de pallier. Une dame très sèche qui me regarde de haut chaque fois que je la croise. Ma propriétaire m'avait présentée à elle le premier jour : elle m'avait scrutée avec les lèvres pincées, et était vite entrée chez elle sans un mot.
Je vous assure qu'elle me regarde comme ça, sans le sourire
Après avoir récupéré les clés, ma soeur m'aidait de ses doigts de fée à refaire les joints de ma cuisine, entre autres (très glamour, non ?), et la porte d'entrée était ouverte car j'avais sorti toutes mes caisses dans le couloir. J'ai senti tout à coup une présence et, mal à l'aise, je suis sortie sur le pallier faire semblant de récupérer quelque chose. La voisine était là, cachée dans l'escalier, à écouter notre conversation. Quand je l'ai vue, grand sourire et "Bonjour Madame !" lui ai-je lancé, pour lui signifier que je l'avais vue et démasquée. Elle est rentrée se terrer chez elle au plus vite. Depuis, chaque fois que je suis sortie de chez moi, elle ouvrait sa porte et me guettait par l’entrebâillement, de son air glacial et de ses immenses yeux froids et méchants. Et je voyais sous sa porte qu'elle restait derrière à écouter et épier. Je ne me démontais pas et lui ai fait mes plus grands sourires pour lui montrer que je ne suis pas dupe, mais je compte bien lui demander -très poliment, comme à mon habitude - de cesser de m'espionner. Il n'y a donc pas que dans Desperate Housewives que les gens passent leur vie à s'occuper de celle des autres ! J'ai l'impression que je vais devenir parano, car en plus les murs sont fins et je crois qu'on entend un peu du couloir. Et si je crois aux fées, j'ai aussi toujours cru aux sorcières.
Après les bonnes surprises de l'appartement, quelles autres surprises vais-je avoir dans l'immeuble ? Ma soeur me suggère de lui dire avec un sourire, la prochaine fois que je la surprendrai : "Bonjour Madame, nous sommes juste en train de conspirer pour supprimer votre chien", l'idée de dire ça me fait hurler de rire, mais ça risquerait de prendre une tournure trop sérieuse. Ça me rappelle un peu l'Ecoute aux portes de Claude Ponti, que je lisais quand j'étais petite. Que feriez-vous à ma place ?
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mercredi 10 août 2011

Episode 15 : Closed Nepal

Pour notre dernière journée au Népal avant de repartir le lendemain matin à Delhi, nous avions décidé d'aller un peu marcher dans la montagne (nous n'étions pas équipées pour faire du trekking). Nous nous sommes donc levées tôt et avons dû marcher jusqu'à la gare routière de Kathmandu : près de 45 min. Arrivées là, le choc : presque aucun bus. Où étaient les dizaines de bus vus la veille ? On a beau demander aux trois chauffeurs présents, tous nous répondent en riant qu'ils ne savent pas, et semblent baragouiner quelque chose d'où se dégagent les mots "Closed Nepal". Un chauffeur de taxi nous a vite repérées et ne nous a plus lâchées. Il a essayé de nous attirer vers son taxi, Chat et moi voyions notre sortie dans la montagne plombée. Chat cherchait une solution pour visiter autre chose mais il n'y avait plus grand chose à faire dans Kathmandu, et l'idée de rester bouquiner à l'hôtel était tentante mais c'était vraiment dommage de gaspiller un jour, surtout celui de la grande promenade en montagne. Je commençais à m'énerver à cause du chauffeur pressant et de la perspective du gâchis de cette dernière journée népalaise. Chat a été plus patiente. Finalement, nous avons décidé de payer le taxi pour aller là où nous avions prévu, à Nagarkot. Le chauffeur était aux anges, et une fois montées dans le taxi, il nous dit en anglais : "Bon, vous avez bien compris, en fait c'est Closed Nepal aujourd'hui, donc comme c'est dangereux de conduire, et bien la course est à 2500rp et pas 1500rp. " Là, mon sang ne fait qu'un tour. Non seulement, on doit prendre un taxi (environ 15 fois plus cher que le bus), mais en plus on nous roule dans la farine sous des prétextes vaseux ?! On a essayé de lui dire qu'il avait annoncé 1500 et que ça serait 1500 et pas une roupie de plus. Il n'a rien voulu entendre : je suis descendue du taxi. Non mais oh ! Il nous a rappelées en promettant que ça ne serait que 1500rp. Mais pendant toute l'heure du trajet, il nous l'a fait payer, et nous avons failli aller dans le fossé plusieurs fois. Il a même essayé, lorsqu'il nous a déposées à Nagarkot, de demander plus. Passons.

Nagarkot est un village situé à 2200m d'altitude : le plus haut point de la vallée de Kathmandu. Il parait qu'on peut y voir l'Everest. Comme à Darjeeling (voir épisode 8 ici) où il parait qu'on aurait dû voir l’Himalaya. Bien que nous ayons passé la journée à plisser les yeux, on n'a rien vu. Ce village nous a beaucoup impressionnées car il y avait bien 40 hôtels et de nombreux restaurants, tous tournés vers l'Everest (enfin, là où il parait qu'il est), mais il n'y avait pas un chat. Un village fantôme. Le Lonely Planet suggérait d'aller visiter le temple de Kali, au point culminant du village. Nous avons demandé plusieurs fois, car il n'y avait aucune indication nulle part, et il fallait gravir des routes raides. Peu de gens savaient ce qu'on cherchait. Ce temple est si planqué qu'il nous a fallu grimper presque avec les mains pour l'atteindre.
Lorsque nous l'avons trouvé, encore une bonne surprise : une petite maisonnette rouge de 4m², avec des détritus et des paquets de chips vides à l'intérieur. Pourquoi le Lonely Planet nous a indiqué cela, c'est un mystère. Nous nous sommes promenées dans ce triste village désert bourré de contradictions, d'échoppes et d'hôtels alors qu'il n'y avait pas un chat ni un rat. Peut-être étions-nous encore dans un village comme dans le Voyage de Chihiro ? (voir ici) Nous avons cherché longtemps un  endroit conseillé pour prendre un Chaï et déjeuner, histoire de nous donner des forces pour la looongue marche qui nous attendait (12km en fait, pour atteindre Changu Narayan, village avec un superbe Dubar Square paraissait-il).
Il y avait un Tea House qui avait l'air super. Nous y avons bu un très bon Chaï et avons lu tranquillement jusqu'à avoir bien faim pour commander un bon repas. La carte était géniale : tout faisait envie. Au moment de commander, l'homme nous dit qu'il ferme. Quoi ?! Seule explication : "Closed Nepal". Ne pouvait-il pas nous le dire lorsqu'on lui a dit qu'on déjeunerait ? On était alors affamées et on a dû chercher un autre restaurant qui n'avait pas l'air trop sale (rien d'autre n'était conseillé dans tout le village). On a fini par jeter notre dévolu sur un boui-boui collant mais sans insectes (question d'altitude, sans doute). Nous avons dû attendre une heure (je n'exagère pas) pour manger, pourtant nous avions commandé des choses très simples : riz avec une viande en sauce quelconque. La cuisinière était-elle allée tuer le poulet pour nous ?
Je pense que de tout mon voyage, ce repas a été le moins bon. Ce sont des choses qui arrivent ! Nous avons fini par nous décider à partir. Je n'avais envie que d'une chose : un Bounty. Alors nous en avons cherché dans toutes les échoppes, pour en trouver à prix d'or dans la dernière du village, avant de prendre la route. Je crois avoir savouré cette gourmandise sur 2km, et Chat a englouti le sien. Chacun sa façon d'apprécier, en tout cas nous étions bien heureuses.



Cette balade était magnifique, nous croisions quelques fois des fermes et des maisonnées. Nous avons vu des troupeaux, des rizières en escaliers, des paysans qui travaillaient dans la montagne. Nous avons croisé également des enfants qui jouaient, sortant de nulle part. Nous marchions un peu à l'aveuglette car personne ne comprenait "Changu Narayan" et il n'y avait aucune indication. Le bouquin nous indiquait 12km, mais on les a franchement dépassés. Quand les passants comprenaient ce qu'on cherchait, on nous disait " One hour" mais au bout d'une heure, toujours pas de temple ! On n'en pouvait plus, et le terrain n'était pas forcément plat mais souvent escarpé et en pentes montantes rudes. Les lieux étaient superbes, mais on n'avait presque plus d'eau, et on était surtout épuisées. Nous avons fait une grosse vingtaine de kilomètres (quand on n'a pas l'habitude, c'est un peu dur), pour arriver, enfin, au lieu promis. Mais on l'a fait ! Il commençait à faire un peu nuit quand nous sommes arrivées à l'entrée de ce petit village médiéval qui semblait fortifié (j'avoue que dans ma fatigue, j'ai surtout pensé à comment nous allions rentrer à Kathmandu). On était obligés de payer 100 roupies par personne pour entrer.

La jeune fille qui tenait le comptoir nous a demandé d'où on venait, comment on était venues, où on allait. Questions classiques. Elle et son amie ont été surprise d'apprendre tout le chemin qu'on avait fait à pied, et elle nous ont demandé si on voulait qu'elles nous conseille un hôtel où dormir. Heu...non, on rentre à Kathmandu ce soir, on a notre avion demain pour Delhi et on part à 7h de notre hôtel.
Nous avons eu droit à des rires et puis, plus sérieusement, à des " Closed Nepal " à tout bout de champ. On a essayé de se faire expliquer ce qu'il pouvait bien se passer aujourd'hui pour que le pays soit en si grosse grève. Deux trois badauds venaient se joindre à la conversation, ou plutôt à la moquerie de ces deux blanches échevelées qui ne comprennent rien.
On nous a expliqué qu'on n'aurait ni bus (on s'y attendait) ni taxi pour rentrer à Kathmandu ce soir. Un homme nous a dit qu'un de ses amis pouvait venir nous chercher en taxi mais il exigeait 3500 roupies. On a refusé, mais ils ont tous continué à nous pousser à accepter. Chat et moi avons commencé à sérieusement nous énerver, car ces gens essayaient de nous extorquer de l'argent, la nuit tombait, et nous étions à 10km de Bahktapur (voir ici) la ville la plus proche. Ils nous disaient "Bahktapur, impossible". Chat leur disait "Possible, I can walk!!". Ils n'ont trouvé qu'à se moquer sans chercher à réellement nous aider. Je me suis mise de côté, car j'étais si exténuée que j'aurais hurlé ou éclaté en sanglots. Ou les deux.


Nous avons tout de même payé et sommes allées voir le Dubar Square. J'ai essayé de me calmer en observant inlassablement chacun des quelques petits temples. Lorsque vraiment j'en ai eu marre, incapable de me concentrer et surtout d'apprécier cet endroit pour lequel nous avions eu une journée difficile, j'ai voulu rejoindre Chat. Introuvable. Des petites filles n'arrêtaient pas de me suivre et de me parler en me faisant des signes, mais dès que j'essayais de leur demander quoi que ce soit elles se moquaient. J'ai cherché Chat tranquillement puis avec de plus en plus d'angoisse. Elle n'était plus à Dubar Square. J'ai commencé à la chercher dans ce village inconnu, suivie des jumelles, et des artisans me disaient "your friend, here" sur mon passage. Je paniquais vraiment : je n'avais pas de téléphone où la joindre, elle avait le bouquin avec toutes les indications, j'avais tout notre argent. Et enfin je l'ai retrouvée. Elle était paniquée aussi, elle me cherchait. Mais je m'étais mise très en colère qu'elle parte sans moi (satanés nerfs : en fait, elle pensait que j'étais partie).



Lorsqu'on est sorties du village, ça a été le comble. J'ai compris que le taxi ne viendrait jamais, qu'il n'avait finalement pas été appelé. J'étais furieuse, et Chat et moi sommes parties à pied, fâchées à cause de la fatigue,  en direction de Bahktapur. Un jeune garçon en moto nous a vues, nous a demandé où nous allions et s'est un peu moqué de nous en l'apprenant, mais il nous a dit "get up, I take you to Bahktapur". Et nous voilà, à trois, sur la moto, traversant la campagne népalaise au coucher du soleil. Idyllique !
Ce charmant népalais nous a déposées à la porte d'un taxi qui nous a ramenées à l'hôtel en très peu de temps, et nous avons pu nous délasser de cette journée mouvementée devant un bon repas, en bouquinant et jouant au Bagh Chal (voir ici).




Au dessert, nous voulions quelque chose pour nous remonter le moral : du chocolat. On a commandé un brownie pour 2, et on nous a servi un immense bout sec comme de la pierre, une sorte de brique marron. Alors j'ai demandé un verre de lait (en priant pour qu'il ne soit pas infâme ou tourné, ou jaunâtre comme ici), et le serveur est venu me redemander 2 fois si je voulais un verre de lait, il me prenait pour une folle. Les 3 serveurs nous ont épiées pour essayer de comprendre ce qu'on faisait de ce verre de lait. C'était juste pour tremper le brownie, mais on a été prises pour des  demeurées. Ce qui nous a bien fait marrer !
Le lendemain, nous quittions le Népal pour retourner dans la fournaise indienne. Je vous raconterai un de ces jours l'aéroport, ça aussi c'est rigolo.
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samedi 6 août 2011

Episode 14 : Kathmandu partie 3 : Bahktapur, ambassade et autres joyeusetés

Le lendemain de la visite de Kathmandu était un lundi. Il me fallait absolument aller à l'ambassade indienne pour obtenir un droit de re-rentrer sur le territoire depuis le Népal. A 6 jours du départ pour la France depuis Delhi, j'avais pris un petit risque. Sur le chemin, dans des petites rues, nous avons constaté avec dégoût que nous étions passées par le quartier des "bouchers" : chaque échoppe vendait de la viande souvent verdâtre ou violette, plus ou moins sanguinolente, posée quasiment sur le sol (en réalité, sur des estrades en carrelage où les vendeurs étaient assis, mais c'était aussi sale que le sol). Les émanations étaient assez atroces, en tout cas dans mon souvenir, elles le sont !
Arrivées à l'ambassade après avoir marché près d'une heure sous un soleil de plomb à à peine 9h du matin, nous pensions être en avance, mais des dizaines de voyageurs étaient déjà là. C'était bien sympa car des jeunes hippies Israéliens jouaient de la guitare et chantaient ; ils avaient l'air habitués à la longue attente des ambassades.  Heureusement qu'on avait pris nos bouquins, car il a fallu près de 2h pour que je puisse avoir le droit de donner mon formulaire et payer. Il était près de 11h, il fallait revenir à 17h récupérer mon passeport. Chat n'avait pas besoin de ce tampon puisqu'elle avait un autre genre de visa indien que le mien.

Nous avions décidé d'aller à Bahktapur, une ville médiévale de la vallée de Kathmandu. Nous avons pris le bus (où je me suis violemment cognée au plafond, et où j'ai eu la grande joie d'avoir les genoux complètement enfoncés dans le dos du pauvre passager devant moi pendant 1h : quelle idée de faire des bus si petits !) et bien que nous ayons bien dit où nous allions au jeune contrôleur (là-bas, il y a toujours un homme à la portière des bus et des trams pour crier la direction du bus : les arrêts ne sont pas toujours bien indiqués, et il n'y a pas toujours de numéros aux bus, et pour faire payer les tickets, renseigner, assister le conducteur), il ne nous a pas du tout dit où nous arrêter et nous nous sommes retrouvées dans un coin perdu de Bahktapur, à l'opposée du centre historique. Nous avions très faim et soif, et on a marché de façon hasardeuse (puisque personne ne comprenait ce qu'on cherchait). Nous avons croisé des paysans qui battaient le blé, j'ai trouvé ça très beau. On ne voit pas ça chez nous. Nous avons traversé la ville complètement vide : on aurait dit une ville fantôme ! Enfin, nous sommes arrivées au Dubar Square (je parlais du Dubar Square de Kathmandu ici).

On s'est empressées de trouver un lieu où manger, et nous avons encore trouvé un ravissant restaurant caché, au milieu d'un jardin ombragé et joli. Les népalais sont très forts pour ça. Notre repas a été presque entièrement gâché par un curieux qui parlait français et voulait absolument nous convaincre de le prendre comme guide. Nous en débarrasser a été vraiment un combat !
Avant de visiter Dubar Square, nous avons pris un Kulfi maison (glace à la confiture de lait, qu'on peut trouver en France dans les très très bon restos indiens, avec des pistaches et plein de bouts de choses délicieuses dont les saveurs vous emplissent la bouche tout en vous désaltérant. Je craignais d'être malade après ça, puisqu'il devait bien y avoir de l'eau dans cette glace, mais je me suis dit : pour un vrai Kulfi, je prends le risque...aucun mot d'estomac à l'horizon!!) absolument divin et avons fait le tour de Dubar Square, en entrant dans quelques temples. En 1h à peine c'était plié, et nous avons voulu, avant de repartir, faire un tour du village ancien. En sortant de Dubar, nous sommes descendus vers un petit lieu de culte adossé à un arbre centenaire (millénaire ?) magnifique, et où des ballots de paille étaient entassés. Un artisan vendait des toiles tissées, et nous avons découvert avec horreur que de véritables cheveux avaient été utilisés pour faire les cheveux des personnages. Je n'ai pas de photos malheureusement !
Nous avons voulu rentrer de nouveau à Dubar Square pour rejoindre l'arrêt de bus pour Kathmandu ; et on nous a réclamé de payer ! Si l'on entre par un côté, on ne paye pas, mais de l'autre si. Étonnant, non ? Donc nous avons fait 3 fois le tour du village pour détourner Dubar Square, un vrai dédale !

Nous sommes retournées rapidement à Kathmandu pour aller chercher mon passeport (nous avons encore attendu 1h). Comme nous étions bien en avance, nous avons dégoté un petit restaurant à côté de l'ambassade, pour aller déguster un bon Chaï. De retour à l'ambassade, j'ai été ravie de constater une chose. En Inde, aux comptoirs (des gares, des restaurants etc.), les gens se massent en criant, ceux qui sont servis sont ceux qui ont le bras le plus long, la voix la plus forte, et la plus grande capacité à pousser les autres. A l'ambassade, les gens se sont tous mis en file indienne devant les deux comptoirs lorsqu'on nous a tous appelés pour récupérer nos papiers. Un peu de civilité, quel bonheur !



Au retour de l'ambassade, j'ai croisé un mouton très rigolo attaché à une chaîne sur un terrain de foot pendant que des enfants jouaient. Mon amie Hégémonie veut un mouton depuis 2 ans, alors j'avais pris cette photo pour elle, mais je la remets ici !






Cette journée a été un peu difficile à cause de la chaleur, de l'attente interminable à l'ambassade, des enquiquineurs de Bahktapur, de tout le transport en bus, mais une chose est sûre, en rentrant à l'hôtel le soir, nous pensions que nous avions eu notre lot népalais de fatigues. On ne savait pas encore ce qui nous attendait le lendemain ...
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lundi 1 août 2011

Episode 13 : Kathmandu partie 2

Rappelez-vous de l'arrivée à Kathmandu : une frénésie d'achat nous avait envahies. On avait trouvé un hôtel super chouette et il était temps, le lendemain, de visiter cette fameuse ville. Le Lonely Planet nous conseillait de consacrer une journée entière à Dubar Square, lieu dans la ville, entièrement consacré aux temples. Comme là-bas il n'y a aucune indication de nom de rues et que les gens soit ne connaissent pas, soit ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre ce qu'on leur demande, ou bien ils veulent vraiment nous aider mais se trompent et se contredisent dans leurs indications, on a mis une bonne heure à trouver ce lieu de culte. Mais ce n'était pas perdu puisque nous avons ainsi pu nous promener dans des rues (parfois si glauques que nous n'y serions jamais allées volontairement). Ce qu'il y a de génial à Kathmandu, c'est qu'il y a, outre les bouquinistes, plein de disquaires qui mettent des chants tibétains assez fort pour qu'on en soit ennivrés depuis la rue... on a donc acheté des disques ! 
A notre arrivée, l'endroit pullulait de touristes flanqués de guides qui se faisaient expliquer pendant des heures l'histoire des temples et de cet endroit mystérieux. Nous n'avons pas voulu prendre de guide car il faisait déjà très chaud, et à moins d'avoir un très bon guide, on se désintéresse vite, malheureusement. Dubar Square est une place carrée, entourée d'anciens palais, où l'on trouve des dizaines de temples, tous dédiés à des divinités différentes, et qui ont chacun leur histoire propre. L'architecture de ces temples est d'inspiration très chinoise je trouve, ce qui tranche beaucoup avec l'Inde. Je me suis crue dans Tintin - Le Lotus Bleu. J'ai été très surprise de voir que les pigeons venaient, par centaines, que sur le parvis et sur le toit d'un seul des temples. Je ne sais pas quelle énergie les attirait là, mais ils n'étaient nulle part ailleurs. Un moine bouddhiste était perché là, se recueillait-il ? Et comme partout, l'endroit était sale, des gens dormaient partout, sur les marches des temples.

J'ai vu un Chaman incroyablement microscopique, j'avais l'impression d'être une géante à côté ! Au bout d'à peine 1h30 nous avions fait 3 fois le tour, comment étions-nous supposées rester là une journée entière ? Le Lonely Planet est parfois surprenant. Il s'est mis à doucher lorsque nous cherchions un restaurant où déjeuner : nous nous sommes réfugiées dans le réduit d'un bouquiniste où nous avons trouvé notre bonheur : j'ai acheté un Arsène Lupin : Les Huit coups de l'horloge, en français !

Nous avons décidé ensuite de nous rendre au Monkey Temple (où nous devions aussi aller pour une journée : nous avons bien fait de ne consacrer qu'une après-midi à ça). Nous y sommes allées à pied, sous un canniar infernal. Le temple est accroché en haut d'une colline, et est entouré de jardins et d'un petit village.
Des singes, par dizaines (ou centaines ?) se promènent en liberté, et chippent tout ce qu'ils trouvent. On a beaucoup ri en voyant des bébés se battre pour une bouteille d'eau. On peut atteindre le temple par de longues marches (ce qu'on a fait sans le savoir) et par une volée de marche si abruptes qu'on doit se tenir à la rambarde pour ne pas tomber. Grâce à l'altitude, on a une vue imprenable sur la vallée de Kathmandu, c'était magique.


Sur la place, on pouvait voir des vendeurs de tout, des sculpteurs en train de graver et sculpter, des enfants jouer et des singes gesticuler partout (on a eu un peu peur quand on a entendu une bagarre singesque, parce que c'est gros ces bêtes-là, imaginez si ça vous saute dessus ?!).
Le fond d'une fontaine des miracles était tapissé de pièces, et il y avait de la musique tibétaine en fond. En redescendant vers la vallée (par l'escalier de la mort), nous avons été attirées par des joueurs d'une sorte de jeu d'échec. Des badauds regardaient, alors nous avons fait de même. Nous avons appris qu'il s'agissait-là du jeu national népalais, le Bagh Chal. C'est un jeu de stratégie qui oppose 20 chèvres à 4 tigres. Les tigres doivent manger les chèvres, et les chèvres doivent encercler les tigres tout en évitant de se faire croquer. L'un des joueurs était un sculpteur qui vendait des créations, dont des Bagh Chal. Chat a voulu regarder la nouvelle partie pour comprendre, mais on lui a proposé de jouer, pour intégrer plus facilement les règles ! (Serait-ce une technique de vente ?) En tout cas nous avons bien ri, des dizaines de gens se regroupaient autour de nous, et nous sommes reparties, contentes, chacune avec notre jeu. On y a d'ailleurs joué chaque fois qu'on a pu, pour découvrir toutes les techniques possibles : dans les trains, en attendant d'être servies au resto, à l'hôtel... On est rentrées épuisées de cette journée, qui n'était qu'un faible avant-goût de ce que nous allions vivre, deux jours plus tard, dans la montagne...


J'ai une petite anecdote à vous raconter aussi. En Inde (et certainement au Népal d'ailleurs), l'homosexualité est interdite par la loi. Mais les hommes, qu'ils aient 5, 15, 30 ou 70 ans, se tiennent très souvent par la main ou le bras, et sont très proches. Étonnant, non ?
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